Le musée de la vigne et du vin

Château de Boudry Ambassade du vignoble neuchâtelois, œnothèque et musée

À table !

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2002

Et si nous passions à table?

Avec sa nouvelle exposition d’hiver, le Musée de la vigne et du vin joue, avec finesse, son rôle d’hôte.

«À table!», la nouvelle exposition du Musée de la vigne et du vin du château de Bou­dry donne véritablement l’eau à la bouche ! À tel  point d’ailleurs qu’à peine vernie, l’invité en redemande.

Offrant des flashes sur des instants de tables et recréant avec finesse, humour, voire coquinerie, des scènes où l’art de la table se conjugue sur plusieurs modes, «À table!» se savoure. Se déguste. Se mange des yeux.

L’art de la table

Après un rappel historique des règles de vie présidant au manger, de l’époque romaine à nos jours, chaque convive visiteur est tout d’abord invité à partager la table de quelques austères bourgeois de la fin du 18e siècle. Faut-il encore qu’il sache bien s’y tenir! Qu’il fasse rapidement siennes quelques indispen­sables règles de convenance. Qu’il ose se sustenter alors que la faïence des assiettes en vieux rouen rivalise de finesse avec des verres aux pieds déli­catement arrondis, et que l’authenticité de la Sainte-Bible de Jean-Frédéric Oster­wald (1807) ne le prive pas d’appétit!

S’étant, par son esprit, élevé au-dessus de la condition ani­male – même s’il partage le même besoin vital de se nour­rir -, l’hôte se souvient toute­fois qu’il s’est donné peu à peu le temps d’apprendre des règles. Et, qu’affinées, ces der­nières ont même débouché sur des codes de civilité et de politesse l’autorisant, dès lors, à fréquenter quelques grandes tables.

Sans conteste, en Suisse, l’art de la table et du bien manger a at­teint son apogée. grâce à Frédy Girardet, confie Patrice Allan­franchini, conservateur du Musée de la vigne et du vin. Pour émoustiller les papilles gus­tatives de nos convives, nous avons donc reconstitué l’ambiance de Crissier. Vaisselle de Limoges (de Bemardaud, réalisée ex­pressément pour le grand cui­sinier), verres et cartes de quelques menus de choix pourront ainsi rusai des péchés de gour­mandise.ou faire émerger de vieux souvenirs

Un p’tit noir au coin du bar

Grâce au ciel, même si au­jourd’hui l’être humain sait manger avec une certaine es­thétique, il continue tout de même d’aimer également les bistrots et le rôle social qu’ils jouent.

Interpellé par les guides de civilité et la manière dont les mœurs évoluent, Patrice Allanfranchini n’a pas hésité à reconstituer l’estaminet neuchâtelois de l’époque, «Chez Strauss», du plafond duquel s’échappe un filet de lumière d’une lampe du dé­but du siècle, qui donne vie à une série de photos de Ro­bert Doisneau. Une fiole d’absinthe et une bouteille de cortaillod rouge 1919 trô­nent, comme oubliées pour l’éternité, sur une vieille table ronde en bois.

Lieu mythique et mémoire vivante de nombreuses géné­rations d’étudiants neuchâte­lois, la reconstitution du bar «Au 21» invite soudain l’in­vité à remonter le temps. Ce­lui d’un incontournable sous-sol à deux entrées, du temps béni des cours séchés, des flirts sans lendemain, des iné­narrables parties de poker, des premières dopes grillées entre copains, du p’tit noir. au coin du bar…

A force de jouer avec les propos de table, de se remé­morer Brillat-Savarin, Grimod de. La Reynière, juste entre la poire et le fromage et en sou­levant un rideau gris, l’hôte peut, si le cœur  lui eh dit, tom­ber dans le coquin et sur l’An­tiphonaire de Néocomia Neti­châtel de 1961 !
Christiane Méroni L’Express 3 septembre 2002