Château de Boudry

Ambassade du vignoble neuchâtelois, œnothèque et musée

Station d’essais viticoles d’Auvernier

L’établissement connu aujourd’hui sous le nom de Station d’essais viticoles d’Auvernier, a débuté sous forme d’Ecole de Viticulture. Par décret du Grand Conseil, du 11 novembre 1888, un enseignement viticole était organisé à Auvernier, dans des locaux mis gracieusement à la disposition de l’Etat par la Commune, et les travaux pratiques se faisaient dans les vignes de l’Etat, des Sauneries situées à Colombier. Les tâches de l’établissement étaient l’enseignement de la lutte contre le phylloxéra, principalement par le greffage et la culture de nouvelles vignes greffées. En 1890, l’Etat de Neuchâtel agrandit le domaine par l’achat de vignes à Auvernier et en 1891, il décide de la construction du bâtiment principal et des dépendances. En 1893, on construit encore un bâtiment destiné aux laboratoires et salles de travail pratique. Dès 1892, on adjoint à l’Ecole de Viticulture ainsi créée une Station d’essais, qui dut bientôt s’occuper non seulement de l’étude des porte-greffes et de la reconstitution, mais de toutes les questions intéressant la viticulture et la vinification. En 1906, le nombre des élèves ne justifiait plus l’existence d’une école, celle-ci est supprimée et le tout est dès lors transformé en Station d’essais viticoles où l’enseignement n’est plus donné que par des cours de courtes durées au moment où ils paraissent le mieux indiqués, par des conférences et des services de renseignements.

Aujourd’hui, la Station possède un domaine d’essais d’une superficie de 6,5 ha. La vigne occupe 5,7 ha et les cultures accessoires, pieds-mères, pépinières, seigle, osiers, pyrêthre, représente 0,8 ha. En outre les bâtiments, plantages et vergers représentent 1 ha.

La Station d’essais viticoles d’Auvernier est un établissement cantonal subventionné par la Confédération. A la tête de l’établissement est un directeur. Il n’y a pas à proprement parler de divisions spéciales suivant les genres de travaux, mais le directeur organise tous les travaux qui se font dans l’établissement ; c’est lui qui ordonne tous les travaux de culture : fumures, labours, taille, ébourgeonnage, pincement, déchaussage, la reconstitution, le greffage, les pieds-mères, producteurs directs, etc… les travaux concernant la machinisation de la culture, l’économie viticole, les améliorations foncières, les travaux de bureau et de laboratoire pour essais de culture ou renseignements, puis tous les travaux de cave et de vinification, il donne les cours temporaires secondé par un chef de culture. Pour suivre à ces tâches très diverses, il a à disposition un chef de culture qui s’occupe de la culture générale, qui exécute les travaux d’essais de cultures commandés et les principaux travaux de cave ; il participe aux cours. Il s’occupe plus spécialement des ouvriers de culture ; il a sous ses ordres un sous-chef de culture et des ouvriers et ouvrières journaliers qui sont en nombre variable suivant les saisons ; les ouvriers journaliers utilisés régulièrement toute l’année sont au nombre de quatre. Le directeur a encore à disposition une demoiselle, aide de laboratoire, qui s’occupe des travaux de chimie, physico-chimie, bactériologie et photographie, puis un commis de bureau, qui est plus spécialement chargé de la comptabilité, de la correspondance, des questions commerciales, ventes du vin, de bois américains, plants greffés etc… et du travail statistique.

L’activité de la Station consiste en travaux d’essais exécutés sur grandes surfaces viticoles ou sur des quantités de vin importantes. Tous ces travaux d’essais ont en vue l’amélioration de l’économie viticole. Ces travaux ont conduit jusqu’ici à l’application de la machine viticole dans les vignes et dans l’établissement d’un plan d’aménagement du Vignoble neuchâtelois qui doit favoriser la simplification de la culture et conduire à l’application des améliorations foncières.

En œnologie également, la mise au point des procédés de vinification neuchâteloise a secondé le commerce des vins. L’activité de la Station se manifeste encore par des cours de greffage, de taille, d’ébourgeonnage, de lutte contre les parasites, d’application de machines viticoles à traction animale ou à moteur et de vinification. Des cours spéciaux ont été donné encore pour utiliser les chômeuses et remplacer la main d’œuvre étrangère engagée jusqu’ici pour le travail saisonnier. Puis elle a fait des démonstrations publiques de l’application de machines viticoles, elle a renseigné le public par des conférences, des articles de journaux et les renseignements donnés directement. La bibliothèque de la Station est encore mise à disposition du public.

La Station d’essais viticoles a déployé également beaucoup d’activités dans la question de la reconstitution de nos vignobles, la sélection s des cépages greffons (plant droit) la lutte contre les parasites, les fumures à appliquer. La vitalité toute spéciale du Vignoble neuchâtelois se ressent certainement beaucoup du travail exécuté par la Station.

Charles Godet, directeur, le 21 mars 1933