Le musée de la vigne et du vin

Château de Boudry Ambassade du vignoble neuchâtelois, œnothèque et musée

Le Neuchâtel c’est du blanc !

2013

Historiquement, le Chasselas est un cépage indigène qu’on appelait autrefois loy blanche, loy verte, loy rouge ou fendante. Il couvait jusqu’à la fin du 19e siècle le 95% des surfaces viticoles. C’était le vin de Neuchâtel par excellence.

Aujourd’hui, il a perdu sa suprématie et est souvent décrié et critiqué par ceux mêmes qui le produisent, comme s‘ils avaient honte de réaliser un produit de qualité et, sans doute, exceptionnel par sa subtilité.

Par cette exposition, le Musée de la Vigne et du Vin souhaite redonner à ce vin ses lettres de noblesse et montrer qu’il devrait être en réalité le produit phare du vignoble neuchâtelois.

Hymne au Chasselas

à mon Altesse
à toi ô Chasselas qui dans mon palais se promène
je te conte les plaisirs auxquels tu me mènes
ton fruit, ta légèreté et tes multiples saveurs
engendrent joie et bonne humeur
on peut te savourer et t’apprécier à toute heure
tu es même idéal le matin à onze heures
certains te présidaient un avenir sombre
rassure-toi nous t’aimons en grand nombre
à toi cépage de ma jeunesse
je te dis merci pour ton allégresse
de nos vignobles tu es l’Altesse

Yves Beck

www.finbeck.ch   –   yves.beck@yvesbeck.wine

Frédéric Méraat • Littoral Région 01.11.2013

Le Musée de la Vigne et du Vin au Château de Boudry accueille sa nouvelle exposition temporaire « Le Neuchâtel, c’est du Blanc ! », à partir du 31 octobre 2013.

Durant des siècles, les vignerons neuchâtelois ont appelé leurs cépages Loy verte, loy rouge et le meilleur : loye blanche. En fait, il s’agissait de plants indigènes que le 19e siècle a regroupés sous l’hyperonyme chasselas. Cet état de fait témoigne clairement de l’enracinement historique du blanc dans le terroir local et des confusions nées immédiatement par comparaison avec les chasselas raisins de table difficilement vinifiables. Quant aux cépages de rouges, ils étaient portion congrue, à savoir un 10% de l’encépagement au début du 20ème siècle.

Avec sa nouvelle exposition « Le Neuchâtel, c’est du Blanc ! », le Musée de la Vigne et du Vin au Château de Boudry veut rappeler l’importance de ce vin typique et de ses particularités qui en font un produit d’exception encore trop souvent décrié. A travers des documents historiques, des affiches, des dessins dus à des graphistes tels qu’Eric de Coulon, cette présentation se veut un hommage à un vin phare de l’histoire d’un pays.

Et si certains croient toujours que le vin blanc de Neuchâtel issu du chasselas « qui produit naturellement un vin insipide » selon « La révélation de l’ange » de Jacques Neyrinck, n’est juste bon qu’à « rayer des vitres », il conviendrait qu’ils revisitent leur représentations pour se mettre à l’unisson avec de nombreux œnologues étrangers qui vantent les mérites de ce vin d’esprit au pétillement source de saveurs multiples.
(comm)

Une exposition redore le vin blanc d’ici – Le Musée de la Vigne et du Vin prône un retour aux sources teinté de provocation « Le Neuchâtel, c’est du Blanc ! » Tel est le titre, péremptoire, de la nouvelle exposition du Musée de la Vigne et du Vin, au Château de Boudry, à déguster – sans modération – jusqu’à fin juin 2014. Il s’agit en quelque sorte de réhabiliter un produit encore trop souvent décrié. « Dans ce pays de Neuchâtel, on oublie complètement ce qui est un produit d’exception » , déplore Patrice Allanfranchini, historien et conservateur du Musée. Cette exception est d’ailleurs bien comprise par les gens de l’extérieur. L’idée de l’exposition remonte à des années, lorsque son concepteur a accueilli au Château une quinzaine de producteurs du Bordelais : ils ont unanimement vanté la qualité du Chasselas.

Pudeur

Mais ici, en terres de « protestants tristes, on n’aime pas dire qu’on fait bien. »  C’est la même chose avec des peintres neuchâtelois du 19e siècle par exemple, moins bien cotés que des collègues vaudois pas plus talentueux : « On n’ose pas défendre. » Les viticulteurs devraient être fiers de leur cépage le plus typique et faire du marketing conjoint. « Mais on n’a pas l’esprit du Valais ».
Alors que le Chasselas couvrait 95% des surfaces viticoles du canton autour de 1900, elle est tombée à 16. Et cela risque de diminuer encore : « On n’a pas atteint le fond du trou, mais ça va repartir d’ici quelques années» , estime Patrice Allanfranchini. Beaucoup de Pinot Noir, planté sur de mauvaises terres, donne de l’Œil-de-Perdrix. Et la priorité a été mise sur les spécialités, qui permettent une plus-value alors que le prix de revient est plus ou moins le même. Mais « du Chardonnay, par exemple, il y en a partout dans le monde », relève le conservateur. En Valais, si la proportion de Chasselas a aussi reculé, c’est pour mettre en valeur des spécialités indigènes.

Le Non-Filtré, oui mais …

Le Chasselas souffre d’être associé en France au raisin de table. Pourtant, lorsque l’on maîtrise les techniques de vinification, il donne un vin d’une grande finesse. « C’est un vin d’ouverture, de convivialité, idéal pour l’apéritif, comme il n’en existe pratiquement pas en France » , selon Patrice Allanfranchini. Contrairement aux idées reçues, ce « vin d’esprit » ne donne pas plus mal à la tête que d’autres, et il est bien sûr bon à autre chose qu’à « rayer des vitres ». La qualité est depuis longtemps au rendez-vous.

Ces dernières années, le Chasselas est certes rentré en grâce avec le Non-Filtré. Celui-ci ne devrait toutefois « pas être mis en bouteille en janvier, mais en juin » , relève Patrice Allanfranchini.  « Quand on fait du Non-Filtré, on fait du vrai Neuchâtel » , élevé sur lies dans un grand tonneau. Le message promotionnel oublie donc les traditions.Dans ces conditions, un Chasselas peut très bien vieillir. Une étiquette originale présentée dans une vitrine du Musée le démontre. Portant l’année 1834, elle n’a été dessinée qu’après 1848, comme en atteste la présence des armes de la République. Un vigneron de la région, à qui notre interlocuteur avait glissé l’idée à l’oreille, joue avec succès le jeu de la tradition, avec son blanc « Blanche Loye » , l’un des anciens noms donnés ici au Chasselas.

L’historien rappelle que Neuchâtel est traditionnellement un pays d’ouverture, et son vin un produit d’exportation. Son caractère carbonique en faisait le seul vin suisse qui supportait le transport.
Pour l’anecdote, on apprend dans l’exposition que les « alcopops » ne datent pas d’hier. Dans les années 40, il était possible d’acheter en bouteille du « vin blanc d’apéritif absinthé »