Le château

Château de Boudry Ambassade du vignoble neuchâtelois, œnothèque et musée

La CV2N

La Compagnie des Vignolants du vignoble neuchâtelois dès sa fondation en 1951 à sa restructuration en 2008

« Les Vignolants promettent solennellement de tout mettre en œuvre, en tout lieu et en tout temps, pour travailler au bien du Vignoble neuchâtelois et de ses nobles produits, le blanc et le rouge, provenant des terres sises entre Le Landeron en bise et Vau­marcus en vent, la montagne en joran et le lac en uberre ».

L’article 10 de la Charte du 6 octobre 1951, définit ainsi la raison d’être de la Compagnie. C’est donc dire que toute personne, intimement convaincue du bien-fondé de cette mission et décidée à y participer, peut être accueillie au sein de la CV2N.

Cette dernière présente toutefois une particularité. Elle est dirigée par les membres des Autorités politi­ques des dix-neuf communes viticoles de notre canton, plus précisément par les élus à l’Exécutif (Conseil communal).

Pour qu’à travers et au-delà des opinions politiques différentes, des hommes et des femmes se réunis­sent et dialoguent joyeusement, mais avec la réflexion nécessaire, il faut indubitablement parta­ger l’amour du terroir, de notre patrimoine viti-­vinicole.

Essayons d’en rappeler succinctement l’histoire con­temporaine – brève à l’aune des siècles –, fondée sur un passé ancestral. Pourquoi un quarantième anniversaire en 1990, alors que la Charte n’a que trente-neuf années d’existence ? C’est que les discussions préli­minaires ont été entamées en 1949 déjà et le prin­cipe admis en 1950. Mais les prémices remontent, elles, à 1948, année du centenaire de la République.

En effet, le Conseil d’Etat conviait les Conseils com­munaux à une dégustation des vins. Germèrent alors plusieurs idées : celle de renouveler l’expé­rience chaque année dans une autre commune du vignoble, puis celle de créer une institution contri­buant à défendre et promouvoir notre terroir. Le Chancelier de la Ville de Neuchâtel, Jean-Pierre Baillod, reçut le mandat de procéder aux préparatifs nécessaires. Ainsi naquit la Charte, dûment signée par les Autorités des communes viticoles des dis­tricts de Neuchâtel et de Boudry.

L’idée n’était ni farfelue, ni hors de son temps, puis­que des Confréries bachiques amies virent ailleurs le jour dans les années qui suivirent. C’est à cette époque que l’on commença de prendre conscience des risques que pouvait faire courir au vignoble le développement foudroyant de l’urbanisation.

Mais encore fallait-il organiser la toute nouvelle Compagnie des Vignolants. Jean-Pierre Baillod, promu Grand-Chancelier, René Favre, de Boudry, premier Gouverneur et André Ruedin, Grand-Maître des Clefs, formèrent le triumvirat qui allait animer et développer l’institution. Hommage soit rendu à ces précurseurs.

De la nécessité d’être organisé

La direction des affaires de la CV2N est confiée à trois instances fonctionnant selon les règles pro­pres aux collectivités publiques neuchâteloises. La Charte est très précise à ce sujet : leur mandat est limité à quatre années et, après chaque élection des Autorités communales, les organes directeurs doi­vent être désignés à nouveau.

Le CONSEIL DES QUARANTE est composé de deux Conseillers communaux par commune, désignés par leurs pairs, ainsi que de deux vérificateurs de comptes qui sont, eux, nommés chaque année.

C’est en quelque sorte l’organe législatif, dont les attributions sont notamment de nommer les mem­bres du Conseil des Sept et les Quatre Ministraux, d’approuver les comptes annuels et de délibérer sur les sujets qui lui sont proposés.

Le CONSEIL DES SEPT comprend trois Conseillers communaux de l’Ouest, un de Neuchâtel et trois de l’Est. Il peut s’adjoindre d’autres membres en préci­sant leur rôle. C’est ainsi que nous y trouvons un représentant de l’Office des vins, un délégué de la Compagnie des propriétaires-encaveurs, un mem­bre de la Fédération neuchâteloise des vignerons, ainsi que quelques « anciens », issus des Quatre Ministraux ou du Conseil des Sept.

Il incarne l’organe exécutif, animant les activités de la Compagnie aux côtés des QUATRE MINIS­TRAUX, que son t: le Gouverneur ou Maître­ Vignolant, le premier vice-gouverneur, le deuxième vice-gouverneur et le Gouverneur sortant. Ils n’occupent leur fonction que pendant une année, accédant l’année suivante à la fonction immédiate­ment supérieure. Ils sont assistés du Surintendant qui est l’administrateur de la commune du Gouver­neur. Ils représentent la Compagnie, règlent les affaires courantes et préparent les propositions discutées par le Conseil des Sept. Les Quatre Ministraux et le Conseil des Sept s’entourent enfin de commissions pour l’exécution de diverses tâches permanentes ou ponctuelles, tel­les que le Comité de rédaction du « Vignolant » et la Commission du « Salon des Trois-Dimanches ».

Le Chef-d’Ordre

La Compagnie des Vignolants ayant été portée sur les fonts baptismaux, il s’agissait de lui trouver un endroit où elle puisse s’installer … dans ses meu­bles. En plein vignoble se trouvait un édifice vénéra­ble que les vicissitudes des siècles avaient sérieuse­ment délabré – le Château de Boudry. Propriété de l’Etat de Neuchâtel, il pouvait ainsi retrouver une raison d’exister et d’être utile. Le Conseil d’Etat entreprit donc sa rénovation et, le 1er octobre 1957, il put l’inaugurer et le remettait à l’usage de la Compagnie, à charge pour elle « de le faire vivre en y faisant son centre de ral­liement et d’y installer un Musée de la Vigne et du Vin ». C’est ainsi que le Château de Boudry devint le Chef-d’Ordre des Vignolants, où se déroule notam­ment la Frairie de printemps. Quant au Musée de la Vigne et du Vin, il fut également réalisé et poursui­vit son bonhomme de chemin, assez modestement il est vrai, faute d’espace suffisant, cela jusqu’en 1981 où se constituait la Société du Musée qui reprenait le flambeau avec l’agrément de la CV2N. Cette dernière lui remettait son fond muséographi­que tout en restant partie prenante à la vie du musée. Une nouvelle étape de transformation du château portant sur un agrandissement et le réamé­nagement des locaux permettait enfin de disposer de plus de place et d’ouvrir, dès l’automne 1989, un musée d’une harmonieuse envergure.

Le Salon des Trois-Dimanches

Les Vignolants se devaient d’être également pré­sents dans cette autre partie du vignoble, sise à l’est de la capitale, dans l’Entre-deux-Lacs. Au coeur du village de Cressier se trouve une magnifique maison patricienne, dotée de locaux aménagés pour y accueillir les manifestations de la vie locale et où se déroule traditionnellement chaque année la mise aux enchères publiques des vins de l’Hôpital Pourtalès.

Sous l’impulsion des Vignolants, ensuite en colla­boration avec l’Association pour le développement de Cressier, s’y installe chaque automne le Salon des Trois-Dimanches, exposition d’œuvres d’artis­tes de la région, mais aussi d’ailleurs, dans une diversité de thèmes et de techniques artistiques. 1990 connaîtra la 39e édition du Salon.

Les Vignolants s’y réunissent alors pour la Frairie dite des vendanges.

Le « Vignolant »

Maintenir le dialogue avec les nombreux Vignolants d’ici, de Suisse et de l’étranger est une tâche indis­pensable qui permet de surcroît de parler de notre pays de Neuchâtel et de son vignoble jusque dans des régions parfois fort éloignées.

 

Confectionnée d’abord de manière artisanale, la revue périodique prit sa forme actuelle de par la volonté des Quatre Ministraux et du Conseil des Sept sachant pouvoir compter sur les compétences de deux compagnons vignolants : Valentin Borghini, Chancelier de la Ville de Neuchâtel, et Claude-Henri Messeiller, imprimeur. La matière première, indis­pensable pour étoffer le contenu, provient de plu­sieurs collaborateurs bénévoles. [Aujourd’hui, l’équipe rédactionnelle s’est étoffée.]

Autres activités

On connaît mieux les Frairies, car le décorum qui les entoure ne passe pas inaperçu. Elles sont principalement au nombre de deux : celle d’automne, à fin novembre, précédée de l’assemblée générale du Conseil des Quarante, et suivie d’un repas réservé aux Conseils communaux et destinée à fêter le nouveau Gouverneur dans sa commune.

La Frairie de printemps suit. Fixée au samedi le plus proche du 21 mars, elle est ouverte à tous les Vignolants et a lieu au Chef-d’Ordre. On y procède à l’intronisation des nouveaux Vignolants. Les can­didats proviennent de tous les milieux, pour autant qu’ils prêtent serment relativement à l’article 10 de la Charte. Ce sont les Quatre Ministraux et le Con­seil des Sept qui en établissent la liste.

Moins fastes, mais efficaces sont les manifesta­tions diverses où les Vignolants participent dans l’esprit de la Charte, à savoir la promotion du vigno­ble et de ses produits. Tout d’abord, la collaboration avec l’Office des vins de Neuchâtel, dont les demandes sont toujours accueillies avec intérêt ; mais aussi lorsque diverses sociétés organisatrices sollicitent la présence des Vignolants, les jugeant dignes représentants du Pays de Neuchâtel.

Enfin, une œuvre plus importante nécessitant plus de moyens peut être réalisée au gré des circonstan­ces. Cela a notamment été le cas à l’occasion du trentième anniversaire de la Compagnie. La réalisa­tion d’une idée relative à la transformation progres­sive des moyens et des techniques de culture de la vigne a conduit la Compagnie à produire un long-métrage sur « la Culture traditionnelle de la vigne en gobelets dans le Vignoble neuchâtelois », de valeur ethnographique. Le succès rencontré incita à pour­suivre par la production d’une version raccourcie, en court-métrage, lui-même transcrit ensuite sur cassette-vidéo.

Le passé certes, mais surtout l’avenir

Les Vignolants travaillent bénévolement à l’œuvre entreprise par les fondateurs, qui méritent notre hommage. Aux personnes déjà citées, il faut ajouter toutes celles qui ont oeuvré et développé les activi­tés de la CV2N et tout particulièrement notre com­pagnon et ami Auguste Richter, Grand-Maître des Clefs, toujours fidèle au poste depuis de nombreux lustres.

Remy Alleman

Et l’avenir ? Au début de la décennie qui verra l’Europe de la libre circulation et du marché interna­tional, la viti-viniculture devra s’adapter à de bien nouvelles conditions. Pour les régions viticoles de moyenne ou petite surface, le défi sera d’autant plus grand. La défense et l’illustration du Vignoble neuchâtelois et de ses nobles produits sera dès lors plus qu’indispensable. Que la Compagnie des Vignolants prospère et contribue toujours plus à faire vivre et connaître le Pays de Neuchâtel, dans le respect de sa devise « «Vin pour tous, tous pour vin» » tempérée par l’axiome « Uti, non abuti », c’est-à-dire « user, n’abuser point ».

Patrice Allanfranchini

Cet article dû à feu Rémy Alleman est paru dans la plaquette éditée à l’occasion du 40e anniversaire de la CV2N en 1990. Depuis lors, si les fondements de la Société sont restés les mêmes, des modifications structurelles internes sont apparues.

La CV2N à partir de sa restructuration à fin 2008

Face aux tâches toujours plus nombreuses demandées aux membres des Conseils communaux et à leurs administrations, il est constaté qu’il devient difficile, voire impossible, de trouver chaque année de nouvelles personnes disposées à assumer la direction et la gestion de la compagnie.

Dans un premier temps, dès 2002, il est décidé de renoncer au tournus annuel des administrations communales pour la gestion administrative de la CV2N, en nommant au sein de la gouvernance un surintendant permanent.

Une commission se met ensuite au travail pour examiner les restructurations possibles des divers organes de la compagnie, afin de faciliter sa direction, trouver plus facilement des personnes disposées à s’engager et inciter les vignolants intronisés à une plus large participation.

Lors de l’assemblée générale du 28 novembre 2008 les résultats des réflexions faites sont présentés et la charte de la compagnie est modifiée comme jamais elle ne l’a été depuis la fondation de la CV2N le 6 octobre 1951.

Comme organe législatif il est créé l’assemblée générale, composée de tous les vignolants intronisés et d’un Conseil des communes, constitué de deux représentants de chacune des communes membres. Et comme organe exécutif nous avons un Conseil de gouvernance d’une vingtaine de membres choisis par cooptation , avec un « bureau » constitué de quatre ministraux élus par le Conseil des communes.

La fonction de gouverneur n’est plus exercée par tournus d’un conseiller communal, mais par la nomination de deux personnes – un gouverneur et un vice-gouverneur – qui assument cette fonction en alternance annuelle.

Pour ce qui concerne la couverture des charges découlant des activités de la compagnie, en plus de la contribution annuelle versée par les communes membres il est instauré une cotisation individuelle pour les vignolants intronisés.

Et au niveau des manifestations de la compagnie il est ancré dans la charte l’organisation de trois manifestations principales : le chapitre annuel avec la cérémonie des intronisations, suivi de la frairie de printemps ; la frairie de la floraison, comme son nom l’indique à la période de la fleur de la vigne en juin ; l’assemblée générale suivie de la frairie d’automne en novembre. Si la première manifestation déroule ses fastes au Château de Boudry, fief de la compagnie depuis 1957, les deux autres sont organisées alternativement dans un village de l’Est et de l’Ouest du Littoral.

CV2N – Alfred Zehr, surintendant

Charte de la compagnie des vignolants du vignoble neuchâtelois

Charte de 1951 (édition du 1er janvier 2016)

Les termes utilisés dans la présente charte concernent aussi bien les hommes que les femmes.