Le musée de la vigne et du vin
Château de Boudry Ambassade du vignoble neuchâtelois, œnothèque et musée
Que dire de tous ces outils
Que dire de tous ces outils ?
Une boîte à outils n’est jamais qu’un coffre, et pourtant elle contient bien plus que des objets : elle révèle les gestes, les savoirs et les métiers. Dans ce musée, elle ouvre les portes d’un monde où la vigne n’était jamais seule. Cette exposition temporaire a présenté des outils issus des récentes acquisitions du Musée de la Vigne et du Vin et a souhaité offrir au spectateur un aperçu de ces bouts de métaux et de bois qui accompagnaient les hommes au quotidien.
Au centre, les instruments du vigneron occupent une place particulière. Parmi eux, une brante, grande hotte portée sur le dos pour transporter la vendange, un petit pressoir, utilisé pour de faibles quantités de raisin, ainsi que deux coupes marc, servant à trancher le marc — résidus solides du raisin après pressurage — afin de faciliter son extraction ou son évacuation.
Sur les murs ainsi qu’à l’étage, une sélection d’outils variés évoque d’autres métiers artisanaux, contemporains et parfois communs à celui de la vigne. Ces objets incarnent une époque où chaque instrument remplissait une fonction précise, conçus pour durer et transmis de génération en génération. Leur usage s’est peu à peu effacé, emporté par la mécanisation qui fit disparaître des professions entières et l’outillage qui leur était associé.
L’ensemble met en lumière la richesse de ces patrimoines techniques, et rend hommage à ceux qui les ont façonnés et utilisés avec exigence, habileté et passion.
Les outils servent à fabriquer, mais qui fabrique les outils ? Un catalogue de 1920 de l’entreprise Paul Duflos à Paris présente au début de l’exposition toute une liste d’outillage pour le travail du bois. Destiné aux menuisiers, charpentiers, charrons, tourneurs, modeleurs, sculpteurs, tonneliers, électriciens, tapissiers et ébénistes, on constate très clairement la diversité de l’offre ainsi que l’extrême spécialisation des outils. On y retrouve aussi certains connus du musée, comme au chiffre 545, avec des roannes de tonnelier servant à graver le bois.
Les animaux, sauvages ou domestiques, sont omniprésents dans la vigne. Les moutons peuvent y brouter l’herbe pendant l’hiver, mais les chevaux furent aussi essentiels dans la culture viticole. Utilisé pour le labour, le transport des raisins et l’assistance aux travaux en vigne, il nécessitait des soins attentifs. Il n’était donc pas rare de trouver des outils de maréchal-ferrant, de bourrelier ou de berger chez certains vignerons.
Les cannes de bourrelier servent à travailler et façonner le cuir destiné aux sangles et pièces de harnais. Le coupe-queue permettait de couper ou ajuster la queue du cheval, tandis que le boutoir était employé pour nettoyer ou élargir les trous percés dans le sabot lors du ferrage. Quant à eux, les ciseaux et le coupe-foin s’utilisaient pour l’entretien du bétail.
Quand on sait s’occuper de la vigne, on s’occupe souvent aussi des autres végétaux du jardin. Certains outils arboricoles ressemblent d’ailleurs à d’autres du musée, comme de belles cisailles présentées dans un coin de l’exposition.
Dans ce même coin, on trouve trois foënes, outil traditionnel de pêche, caractérisé par sa forme de harpon. Après tout, rien de tel qu’un bon filet de perche pour accompagner un verre de blanc !
Au milieu de ces outils parfois insolites, nous trouvons également deux marteaux aux formes particulières. Un ferretier de maréchal-ferrant, servant à enfoncer les clous dans le sabot du cheval, ainsi qu’un taillant grain d’orge permettant de dégrossir la surface d’une pierre dure.
La sélection d’outils présenté dans l’exposition a eu pour but de présenter une partie de notre riche collection d’outils servant à travailler le bois. Qu’importe la région du monde, le façonnage de ce matériau est au cœur de nombreux métiers artisanaux qui partagent souvent les mêmes outils. Des planes permettent d’aplanir et lisser le bois grâce à une lame tranchante. Les bondonnières servent à percer avec précision des trous sur des surfaces ou des tonneaux. La bisaiguë, lame longue et lourde, est utilisée pour couper et sculpter de larges pièces de bois avec justesse. Les scies, lames et compas montré à droite présentent des outils connus de tous, mais sous des formes et itérations moins communes.
À l’étage, l’exposition présente une grande collection de haches aux formes très diverses. Ce type d’outil fait partie des premiers outils utilisés depuis la préhistoire. Selon leur fonction, elles nécessitaient une forme, un poids et une taille spécifiques. Forestiers, tonneliers, vignerons, mais aussi bourreaux ou simples bricoleurs, l’utilisation de ces outils peut drastiquement changer alors même que leur apparence semble parfois très semblable.
Au centre de la pièce, nous découvrons trois haches très semblables et portant des initiales sur leurs lames. Les poinçons sont en effet une pratique courante dans l’artisanat : ils permettent souvent d’identifier le fabricant et servaient parfois de garantie de qualité. Sur ces trois haches de forestier, un poinçon est placé sur la face opposée à la lame. Cette marque peut alors, en frappant le bois, s’imprimer comme un tampon servant à marquer les arbres au nom de leur propriétaire.
Utilisée par le doleur, la doloire était un type de hache identifiable par sa lame rectangulaire particulièrement employée dans la tonnellerie ou la charpenterie.
Un autre genre très similaire de hache, surnommée Épaule de mouton, se reconnait par sa lame de forme asymétrique ressemblant à celle d’une hallebarde. Toutes deux dotées d’une grande lame plane, aiguisées sur un seul côté, elles avaient pour fonction d’équarrir et d’aplanir les surfaces en bois. Le manche est déporté sur le côté afin de dégager la main de l’ouvrier, il est intéressant ici de voir ici l’adaptation de l’outil pour accommoder les ouvriers en fonction de leur main forte.
L’exposition montre également quelques haches au manche court, dont une hache de sabotier. Il n’était pas rare non plus de voir des outils combinant plusieurs fonctions, comme des serpes à deux lames.
Conception et réalisation : Simon Vouga et Alexandre Xiao, avril-septembre 2025.
Option Guide
Vous avez la possibilité de réserver un guide pour la visite du musée afin de découvrir pleinement les richesses viti et vinicoles de notre région.
Groupe (min. 10 personnes) : CHF 100.-
Prix d’entrée
Adultes CHF 7.-
Étudiants/AVS CHF 5.-