Le musée de la vigne et du vin

Château de Boudry Ambassade du vignoble neuchâtelois, œnothèque et musée

Les dessous de la ville

1993

Les caves, ces caches à trésors

Montre-moi ta cave, je te dirai qui tu es… En examinant par le petit bout de la lorgnette l’intimité de Boudry, Patrice Allanfranchini, conservateur du Musée de la vigne et du vin au château a monté une exposition, temporaire originale intitulées Les dessous de la ville. Préparée dans le cadre des festivités du 650e anniversaire de la charte de franchises, la manifestation prend son envol aujourd’hui.

Mais pourquoi avoir choisi d’aller au plus profond des habitations de la bourgade ? À l’époque, la ville de Boudry comme la plupart des villages du Litto­ral, était constituée pour un tiers de greniers, un tiers d’habitations, et enfin un tiers de caves. Au début du siècle, tandis que la localité était essentielle­ment viticole, on dénombrait un très grand nombre d’encavages. Il n’en restent plus que huit aujourd’hui. D’où l’intérêt d’aller voir de plus près ce que sont devenues ces caves, lesquelles constituent le fil conducteur de l’expo qui montre deux aspects bien distincts : la cave d’hier et la cave de maintenant.

La visite débute donc à l’intérieur d’une ancienne cave… on s’en serait douté! Mais point de flacons dans les bouteillers. On y croise en fait toute une série de personnages, ceux dont Boudry peut être fier : Philippe Suchard (il y est né), le Consul Verdonnet (un bienfaiteur pour la ville), Oscar Huguenin, Louis-Philippe de Pierre, Félix Bovet, Louis Favre et bien sûr Jean-Paul Marat – avec l’inévitable baignoire –, né à Boudry et naturalisé neuchâtelois, assassiné il y tout juste 200 ans par Charlotte Cordey. Différents documents anciens, manuscrits ou photographiques, illustrent également tout le travail de la vigne et du vin.

L’étape suivante mène à la cave moderne, faite de cuves en inox, pour l’encaveur et de claies en bois pour le particulier. Ces dernières contenant le plus souvent une multitude d’objets hété­roclites, que l’on conserve pour le cas où… Un intéressant diaporama montre mieux que de longues explications à « quoi res­semblent aujourd’hui ces dessous d’une ville qui, autrefois, ont abrité des pres­soirs et des tonneaux et qui, pour la plupart, ont peu à peu été transformés en carnotzets, en réduits à vélos, en locaux de bricolage.., en coins à chenit. C’est fou ce que les gens sont conserva­teurs ! »

Henri Vivarelli, L’Express 27 août 1993