Le musée de la vigne et du vin

Château de Boudry Ambassade du vignoble neuchâtelois, œnothèque et musée

Vignerons de là, vignerons d’ici

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2006

Une nouvelle exposition temporaire

Le conservateur du Musée a donné les clés de l’exposition, démontrant simplement que la vigne en pays de Neuchâtel, industrie première par excellence pour le pays durant des siècles, a vu ses intervenants provenir au gré des âges de différentes régions tout en adoptant par effet de retour les lignes force de l’indigénat.

Si jusqu’au 17e siècle, les vignerons étaient prioritairement des gens du cru, tous n’étaient pas à priori bourgeois de Neuchâtel, si bien que pour ces derniers, les étrangers étaient les habitants des villages d’à-côté. Il est du reste assez amusant de découvrir au Musée les noms de ceux-ci et voir où les grands propriétaires de la ville recrutaient leur personnel.

Avec le 18e siècle, la prospérité du Pays modifia quelque peu l’origine des gens qui cultivaient la vigne. Avec le recours à une main-d’œuvre qui provenait des différents bailliages entourant la Principauté et sous l’influence de grands propriétaires aristocrates, on assista à l’émergence de ce que l’on pourrait appeler une sorte de prolétariat vigneron. Pour s’en convaincre, il convient de se référer aux contrats qui liaient ces gens-là pour voir que les exigences attendues des vignerons sont devenues de plus en plus contraignantes.

Il est vrai que Neuchâtel devenait alors davantage une terre d’immigration que d’émigration.

Des étiquettes neuchâteloises à consonance alémanique

Avec l’entrée dans la Confédération, mais surtout avec l’arrivée de la Constitution fédérale de 1848, nombreux furent les Suisses allemands qui vinrent s’établir en terre neuchâteloise. D’ouvriers au départ, ils sont devenus propriétaires et encaveurs. Sous des étiquettes portant leur nom, ils commercialisèrent du Neuchâtel, devenant de fait les défenseurs du terroir, des propagateurs de son premier produit du terroir !

A leur tour aussi, ils ont eu besoin de recourir à des aides, cherchant dès lors aux dehors des frontières une main-d’œuvre apte à cultiver les parchets. Ils étaient tout d’abord du Piémont, de la Lombardie, puis d’Emilie Romagne, de Naples, des Pouilles, de Calabre, de Sicile…. Et Franco oblige… de Catalogne, de Castille, de Navarre… mais ils sont repartis (prospérité méritée).  Ils sont aujourd’hui Portugais…

Quant aux vendangeurs, ils viennent aujourd’hui des pays de l’Est !

Dans le cadre de Neuchàtoi

Conçue dans le cadre des manifestations chapeautées par Neuchàtoi, cette exposition fait la démonstration que le pays de Neuchâtel est devenue une terre d’accueil pour d’innombrables personnes venues d’horizons divers. Dans le domaine de la vigne, fleuron même de l’identité neuchâteloise, la culture de la terre est passée en de nombreuses mains pas toujours indigènes. Et lorsque celles-ci ont dépassé la culture pour en transformer le produit, elles l’ont fait en s’en appropriant le caractère, vif et pétillant, image fondamentale du vin de Neuchâtel !

Ceci pourrait être la preuve qu’une intégration réussie passe obligatoirement par une prise de racines et une éducation et acceptation des us et coutumes d’un lieu.

Patrice Allanfranchini

Liste des habitants domiciliés rière la Chatellainie de Thielle 1790 (sic)

Urlat Marguerite vigneron Douane
Monnier Jean-Pierre vigneron Tramelan
Vessat Jonas vigneron Chabrey, bailliage d’Avenche
Cary Michel vigneron Poligny, Franche Comté
Cary Daniel vigneron Poligny, Franche Comté
Fairer François vigneron Chapelle, Lorraine
Schwab Samuel vigneron Chulle
Tribolet Jean-Jacques vigneron Fenis
Mayer Conrad tonnelier Frauenfeld
Renard Marguerite vigneron Villeret
Bexel Pierre vigneron Erguewil, canton de Berne
Berner Samuel vigneron Agriswil près de Morat
Champion Samuel vigneron Chulle
Chinque (Schenker) Jean vigneron Signau
Marchand François vigneron Sonvillier en Erguel
Marchand Jacques vigneron Sonvillier
Perrotet David vigneron Nant, Vully
Rosin Gaspard vigneron Bailliage de Cerlier
Boukler Jean-Rodolphe vigneron Bailliage de Morat
Bioley Jean-jacques vigneron Motier, bailliage de Morat
Beney Daniel vigneron Salavaux, bailliage d’Avenches
Martig Salomon tonnelier St Stephan, bailliage de Zweizimmen
Laubscher Pierre vigneron Bailliage de Nidau
Rouff Samuel Vigneron charretier Bailliage de Rougemont
Dyens Samuel vigneron Baillage de Concise
Dutoit Samuel vigneron et pêcheur Bailliage d’Aarberg
Cuanillon Jean vigneron Sugy, bailliage d’Aarberg
Seyla Samuel vigneron Sugi, bailliage d’Aarberg
Couchaud Jean vigneron Praz, bailliage d’Aarberg
Mauler Jean-Georges tonnelier  
Rousset Charles vigneron  
Terceur Nicolas vigneron  
Reinhardt Jean vigneron Canton de Berne
Feuilletat François vigneron Canton de Berne
Peters Jean vigneron Canton de Berne
Bôle Jean-Daniel vigneron Canton de Berne
Brognard Jean-Pierre    
Troyon Jean   Canton de Berne
Lauert Jean tonnelier Canton de Berne

 

Évolution de la population, de la démographie

Dans le pays de Neuchâtel, la population s’est considérablement accrue depuis le milieu du 18e siècle. Le premier recensement exact, ordonné par Frédéric le Grand, fut fait en 1752, à cette époque la population était de 32,335 habitants dont 4318 étrangers ; sur ce chiffre total il n’y avait que 464 horlogers et 3192 ouvriers manufacturiers.

Cinquante ans plus tard, en 1802, on comptait 47’026 habitants dont 12’431 étrangers, 3’939 horlogers et 5’802 ouvriers manufacturiers.

Le recensement de 1835 donne un total de 56’970 habitants dont 13’881 Suisses d’autres cantons et 3’497 étrangers à la Suisse.

Sous le point de vue industriel on remarque 24 pharmaciens, 672 cabaretiers, 685 charpentiers, 172 charrons, 634 cordonniers, 26 perruquiers, 655 tailleurs, 115 tonneliers, 345 voituriers, 154 bouchers, 125 carriers, 105 couvreurs, 469 maçons, 358 menuisiers, 9590 vignerons, laboureurs et manoeuvres, 54 fabricants de bas, 839 fabricants d’indiennes, 107 faiseuses de modes, 1’966 fileurs de chanvre, 384 fileurs de laine, 375 faiseurs d’outils, 122 doreurs, 6 944 horlogers, 38 lapidaires, 55 maîtres d’écriture et 892 négociants.
Pendant la même année 1’835 le nombre des naissances s’est élevé à 1’745, celui des décès à 1’350 et celui des mariages à 458.

Tiré et adapté de Neuchâtel en 1836, in Dictionnaire géographique et statistique de la Suisse par feu M. Lutz, pasteur à Laufelfingen traduit de l’allemand et revu par J.L.B. Leresche ministre du Saint-Evangile, membre de la Société vaudoise d’utilité publique. Lausanne, Imprimerie de Samuel Delisle.1837.

Les vignerons suisses en Australie

Sait-on en Suisse que l’industrie vini-viticole de l’Etat australien du Victoria a été créée par des Neuchâtelois ? Certainement pas ! Le livre de John Tétaz, un descendant d’un des premiers vignerons suisses arrivés en Australie dans les années 1850, retrace l’aventure de ces pionniers grâce aux lettres que Charles Louis Tétaz écrivit entre 1856 et 1897, de Geelong près de Mel­bourne à sa famille restée à Boudry. Cette aventure humaine vous conduira sur la route de ces Suisses qui n’avaient pas peur de s’expatrier et d’entreprendre.

On peut évidement se demander comment l’idée est venue aux Amiet, Breguet, Dardel, Dunoyer, Perdrizat et autres Aeschlimann d’aller commencer une nouvelle existence aux antipodes. C’est un peu le hasard qui les y a conduits. En effet, Charles Joseph La Trobe, un Anglais qui était à Neuchâtel le précepteur des enfants de Montmollin, fut nommé gouverneur de la future colonie de Victoria et arriva en 1839 à Melbourne avec sa femme Sophie, née de Montmollin, et leur fillette Agnès âgée de deux ans.

À cette époque de révolutions en Europe, les familles nobles craignaient pour leurs privilèges et certaines d’entre elles décidèrent d’envoyer un de leurs fils dans un pays où la Couronne d’Angleterre pouvait encore les protéger. C’est ainsi que Sophie La Trobe – de Montmollin écrivit à certains de ses cousins et les décida à s’expatrier. Parmi eux, les de Dardel, de Meuron, de Pury, tous Neu­châ­telois, mais aussi le Fribourgeois de Castella, partirent pour l’Australie, emmenant avec eux de nombreux vignerons des rives du Lac de Neuchâtel.

Charles Louis Tétaz donne la description de son voyage de Boudry en Angle­terre, puis de Londres en Australie, où il arrive, en février 1856, à bord du Evening Star, après un voyage d’environ quatre mois en mer ; il raconte son arrivée à Geelong, sur les collines de Barrabool où il fait souche et plante ses vignes.

C’est l’histoire d’une aventure, de l’endurance et de la fierté d’une belle réussite, mais aussi de la tristesse qui suivit la destruction des vignobles par le Phylloxera vastatrix en 1875–76.

Liste de quelques vignerons du 17e siècle qui ont travaillé pour le Chancelier Georges de Montmollin entre 1652 et 1703