Le musée de la vigne et du vin

Château de Boudry Ambassade du vignoble neuchâtelois, œnothèque et musée

Vendanges !

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2008

De tous temps, la période des vendanges a été l’objet de liesses, de fêtes, d’amusements. En récoltant le raisin et en l’amenant à la cave, on savait si l’année à venir s’annonçait bonne ou mauvaise. Tout le travail de l’an s’achevait. Toutes les peines étaient récompensées. Lorsque les grappes étaient là en abondance, la joie pouvait éclater. Alors de manière spontanée, on l’exprimait à la vigne même, sur le chemin du retour et, le soir, au pressoir.

En présentant toute une série de photographies datant de la fin du XIXe siècle au milieu du XXe siècle, le Musée de la Vigne et du Vin au Château de Boudry n’a pas d’autre objectif que de montrer simplement des instantanés saisissant des moments de vendanges, des moments de travail mais surtout des moments de bonheur !

Un rappel

Jusqu’au milieu du XIXe siècle, la Ville de Neuchâtel était totalement ceinturée par des vignes. Dès la fin du XVIIIe siècle, seules quelques constructions avaient été implantées au milieu des parchets. Avec l’avènement de la République en 1848, les privilèges et la prééminence des corporations, dont la plus importante était celle des Vignerons, furent supprimés. Ceci eut pour conséquence que de nombreux bâtiments furent dès lors construits au détriment des vignes.

Cette omniprésence viticole se répercutait sur la vie de tous les jours. Tout le monde ou presque avait des intérêts viti-vinicole. Grâce à des listes de propriétaires de vigne, on peut estimer que sur les quelque trois mille cinq cents habitants que la ville comptait à la fin du XVIIIe siècle, les quatre cinquièmes étaient directement concernés par le travail de la vigne. Ainsi, des autorités au simple péquin, tous portaient une attention soutenue au développement des grappes et aux aléas du temps, puisqu’une seule grêle pouvait anéantir le travail d’une année.

Au gré des saisons, sous l’égide de la Compagnie des Vignerons fondée en 1687, des ordres formels étaient imposés aux vignerons, afin que les travaux successifs soient accomplis selon les règles de l’art.

Quant au temps des vendanges, il était réglé par les autorités. Cette période, qui clôt le cycle de la vigne, revêtait une importance économique primordiale. C’était en effet le moment où l’on savait si l’année à venir allait s’annoncer bonne ou mauvaise.

Aujourd’hui, le territoire communal ne compte que douze hectares de vignes ; autrefois, on en dénombrait plus de deux cent quarante. Cela montre bien l’importance territoriale que la vigne recouvrait.

En septembre, sous la présidence du Maire, le représentant direct du Prince, les Quatre Ministraux convoquaient le Conseil Étroit pour établir les prud’hommes ou visiteurs jurés des vignes. Ils en choisissaient quatre, c’est-à-dire deux du Petit Conseil ou Conseil des Vingt-quatre et deux du Conseil des Quarante. Ceux-ci entraient immédiatement en fonction et après leur première visite du vignoble, ils devaient faire un rapport circonstancié aux Quatre Ministraux, en présentant leurs observations sur l’état actuel du raisin, eu égard à sa maturité. On leur ordonnait alors de procéder à une seconde visite pour qu’ils se prononcent sur « le jour auquel il convient de mettre le ban ». Il faut entendre par mise du ban en réalité la levée du ban soit le début de la vendange.

Dès que cette visite était faite, on assemblait à nouveau le Conseil Étroit où les quatre prud’hommes étaient invités à présenter leur rapport général et détaillé sur l’état de maturité du raisin. Les deux membres du Conseil des Quarante devaient ensuite sortir de la salle. Seuls les membres du Conseil Étroit étaient habilités à se prononcer sur le jour de l’ouverture des vendanges.

Avant ce jour-là, deux des Quatre Ministraux, en compagnie de quelques membres du Conseil Étroit, experts en vin, et de l’Intendant de l’Hôpital allaient visiter les vignes faisant partie de la dîme de Saint Blaise qui revenait à la ville, et les moitresses et les tierces gerles, soit des vignes appartenant à la Ville cultivées en fonction de différents contrats de métayage. Le receveur de la Maladière visitait sa dîme particulière. Des ordres concernant la future mise aux enchères des récoltes étaient donnés à l’Intendant de l’Hôpital, soit l’hôpitalier afin que celui-ci les transmettre au sous-hôpitalier qui devait afficher les billets de publications aux lieux ordinaires. Cette procédure permettait aux futurs enchérisseurs de la dîme de s’informer.

Dans les derniers jours de septembre, on avertissait le cabaretier de l’Aigle Noir, l’auberge de la ville, de préparer le repas du ban que l’on commandait pour environ trente personnes.

« Avec octobre, on met le ban des Vendanges ». Au jour fixé d’avance et quelques heures avant de se rendre dans les parchets, les visiteurs des dîmes faisaient en particulier leur rapport à Messieurs les Quatre Ministraux suite aux dernières observations qu’ils avaient recueillies lors de leur ultime visite et donnaient leur avis sur le prix auquel il convenait de laisser échoir les mises aux enchères des dîmes.

Ensuite, Monsieur le Maire, les membres de la Justice, soit le Conseil Etroit et les Quatre Ministraux s’assemblaient à nouveau. Le maître bourgeois en chef demandait que les prud’hommes soient encore entendus après avoir prêté serment. Dès que leur rapport était lu, il requérait encore que « le ban des Vendanges soit mis & crié suivant coutume & conformément à nos franchises et libertés ».

Pour permettre une délibération sereine, tous, à l’exception des Quatre Ministraux, se rendaient à l’auberge de l’Aigle noir pour réfléchir une dernière fois sur le cas. Ceci fait et la décision prise, tous les membres de la Justice, soit du Petit Conseil, retournaient à l’Hôtel de Ville où le Maire demandait la connaissance à l’aîné des membres de la Justice. Ce doyen annonçait le jour fixé pour le début de la récolte pour les divers quartiers du vignoble. Alors, les quatre Maîtres Bourgeois, précédés des sauthiers, allaient faire les proclamations publiques du ban des vendanges aux endroits accoutumés.

Il faut entendre par connaissance la présence entre les mains de l’huissier du maire d’une grappe de raisin bien mûre qui attestait ainsi que la récolte pouvait débuter.

La formule ancienne de la publication des bans était la suivante : Voyés, seigneurs, les raisins sont meurs ; l’huissier tenant dans la main une grappe de raisins, démonstration de son assertion, après quoi les jours pour la récolte des divers quartiers étaient prescrits.

Les vendanges se déroulaient selon un ordre bien précis afin de permettre aux dîmeurs de suivre la progression des vendangeurs quartiers par quartiers et ainsi prendre à mesure la quote-part qui leur revenait.