Le musée de la vigne et du vin

Château de Boudry Ambassade du vignoble neuchâtelois, œnothèque et musée

Viens donc prendre un verre !

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Du 30 octobre 2015 au 15 mai 2016

Cette exposition invite les visiteurs à réfléchir aux fondements de l’hospitalité et de la convivialité dont les origines remontent aux principes même de l’homonisation. Dans toutes les cultures, toutes les civilisations, l’acte de donner à boire et à manger à l’hôte de passage, qu’il soit ami ou ennemi, est un principe sacré.

Que ce soit de l’eau, du thé ou un verre de vin, offrir à boire est le fondement même de la civilité.

Cette exposition en évoque le principe en présentant une extraordinaire collection de verres des 17e, 18e et 19e siècle. Elle rappelle aussi que les verres d’autrefois étaient des produits de luxe et l’apanage de l’aristocratie et de la bourgeoisie avant de se démocratiser.

Ainsi autour de verres à pieds, de gobelets, de hanaps, de verres d’absinthe, le visiteur part à la découverte des nombreuses verreries qui ont existé. Parmi elles, celles du Doubs, de Flühli, de Bohème se voient réservées des vitrines particulières.

Agrémentée d’enseignes (celle de l’hôtel du Raisin et du restaurant de la Gerle de Neuchâtel), cette exposition invite aussi à se retrouver dans l’atmosphère particulière d’un vieux bistrot, lieu par excellence de la convivialité, de l’échange, des passions et des atmosphères autrefois enfumées.

Frédéric Mérat • L’Express de Neuchâtel

L’art de la verrerie est au centre de la nouvelle exposition temporaire du Musée de la Vigne et du Vin au Château de Boudry. De la maestria et des éclats d’antan à s’en mettre plein les mirettes.

« Nous avions bien quelques verres dans nos collections, mais une réflexion sur le verre n’avait jamais été menée ici », relève Patrice Allanfranchini, conservateur du musée, qui signe là sa 40ème exposition depuis 1990. Engageant, le titre reprend l’idée de départ : « Viens donc prendre un verre ! »

Objet de luxe

« J’ai d’abord appris le vocabulaire du verre », explique le conservateur. Les cimaises sont d’ailleurs parsemées de savoureuses expressions, tel « faire chabrot », soit mettre du vin dans sa soupe.

« Le verre est lié à la tradition d’hospitalité et de convivialité, dans toutes les civilisations » relève Patrice Allanfranchini. « L’invention remonte à l’Antiquité ; en Égypte, le verre était coulé. Le verre romain va devenir soufflé. Il a poursuivi sa carrière du côté de Murano avant de se répandre dans les cours d’Europe. La verre à boire est resté un produit de luxe jusqu’au début du 19e siècle. »

Généreuse Vaudoise

L’exposition a pu se monter grâce à un don récemment fait au musée. Une antiquaire retraitée de Lutry (VD) a offert une collection de 200 verres des 17ème, 18ème et 19ème siècles. Une soixantaine d’entre eux trônent derrière des vitrines du Château de Boudry.

Parmi une série de verres à pied, un « exceptionnel et très rare » verre de voyage. Outre une fine gravure représentant les jardins d’un Château et deux déesses, l’objet est doté d’un pas de vis … Les verres gobelets ou ceux de fête, à la taille impressionnante, réservent aussi leurs lots de surprises.

La verrerie peinte de Flühli (LU) a sa place aux côtés du cristal de Bohème, comme celle du Doubs. « C’est une vitrine qui me fait plaisir », souligne le conservateur. Ce dernier met en avant un « somptueux » gobelet de mariage, avec oiseaux et pampres de vigne, soit des branches avec feuilles et grappes.

L’absinthe se fait une place, notamment au travers d’un livre d’étiquettes d’avant la prohibition. Une amère lettre anonyme de 1843 dénonce un producteur du Vallon peu scrupuleux.
Petite touche d’exotisme également, avec cruches, pots et gargoulette issus de l’art touareg et berbère. Pour rappeler l’hospitalité est un principe fondamental de l’islam, glisse Patrice Allanfranchini.

Au bistrot

À l’étage, le visiteur est plongé dans l’univers d’un bistrot traditionnel. « avec le jaune pisseux des tapisseries et les fausses boiseries. » Pour réaliser celles-ci en trompe-l’oeil, Patrice Février, décorateur et intendant du château, « a fait un boulot extraordinaire ». Enfin la spectaculaire enseigne de l’hôtel du Raisin, à Neuchâtel, est pour la première fois montrée, après restauration. Les plus attentifs goûteront le souci du détail jusque dans la présence de verjus !

Nadja Hofmann • Littoral Région

6 novembre 2015Une expo qui invite à la convivialité.
Le Musée de la Vigne et du Vin au Château de Boudry a verni sa nouvelle exposition intitulée « Viens donc prendre un verre » qui fait la part belle à la convivialité et qui montre l’étendue de la richesse des différents types de récipients en verre.

« Il n’y a rien de plus convivial que d’inviter quelqu’un à boire un verre. Qu’on reçoive un ami ou un étranger chez soi, c’est normal de lui offrir une boisson. Que ce soit de l’eau, du café ou du vin, c’est le geste d’offrir un verre qui importe », explique Patrice Allanfranchini. Pour sa 40e exposition, le conservateur du Musée de la Vigne et du Vin a souhaité proposer une réflexion autour de l’acte d’offrir à boire qui est intimement lié à l’hospitalité et à la convivialité partout dans le monde. « Je me suis dit que cela valait la peine de réfléchir à l’expression – Viens donc prendre un verre – et également de se demander qu’est-ce que c’est que le verre ? »

Des verres du Doubs

Et quoi de mieux pour illustrer ce sujet que de présenter la richesse des récipients en verre à travers les siècles ? Par un concours de circonstance, Patgrice Allanfranchini a rencontré une antiquaire de l’Arc lémanique qui a souhaité faire don de sa collection au Musée afin que celle-ci reste d’un seul tenant. « C’est une grande chance d’avoir reçu cette collection de verres splendides qui sont au nombre de 160 et qui datent du 17ème au 19ème siècle. Cela a permis de monter cette exposition qui fait non seulement réfléchir sur la notion d’hospitalité mais qui présente aussi l’évolution des verres de différentes époques en montrant leur diversité. »

Les visiteurs pourront en effet découvrir la richesse de l’art du verre à travers l’histoire avec notamment cette vitrine dédiée aux verres du Doubs qui ont la caractéristique d’avoir un aspect bleuté. « Au 18ème siècle, il y avait beaucoup de verreries le long du Doubs. Elles se déplaçaient en fonction du bois dont elles avaient besoin pour chauffer et fondre le verre. Ces verreries ont aujourd’hui toutes disparu ». Gobelets de fiançailles ou de mariage richement décorés avec des gravures d’initiales, de mots ou des dates se rapportant à un événement de la vie familiale. « Quand un nouveau né arrivait, on offrait un verre à sa naissance. » Coupe géante célébrant l’amitié et qui permet de partager le même breuvage en se passant le récipient, comme c’est encore le cas dans le canton de Vaud, ou ornements avec des rondes d’enfants ou des scènes de la vie quotidienne, ces gravures superbes aux motifs étonnants témoignent de la diversité des formes de récipients et comment les verriers ont peu à peu assimilé la création et la taille des verres. « Quand on commence à aller à la rencontre de ces verres à pied et carafes c’est d’une richesse incroyable. »

Un geste universel

Afin de montrer que l’hospitalité est une règle de civilité universelle, une vitrine présente des pièces touaregs et berbères issues d’0une collection privée. « Je tenais à présenter cet ensemble pour rappeler que dans toutes les cultures il y a ce rapport à la convivialité. On n’offre pas seulement un verre dans le monde occidental. Partout on accueille l’autre en donnant à manger et à boire. Dans les pays méditerranéens, un verre d’eau ou une tasse de café représente le geste de l’hospitalité le plus spontané et immédiat. Alors que c’est plutôt le vin dans nos régions viticoles. Mais peu importe la boisson, c’est le geste qui compte. »

Un hommage à l’absinthe

La nouvelle exposition temporaire du Musée de la Vigne et du Vin rend aussi un hommage à l’absinthe, « une liqueur qui se boit dans un verre particulier avec un réservoir qui permet de mettre la dose d’absinthe. » L’occasion de parcourir l’histoire de cet alcool fabriqué en 1850 par l’entreprise Pernot à Couvet. Depuis la distillerie est passée de l’autre côté de la frontière et s’est fait un nom dans le pastis. Un document de l’époque montre différentes étiquettes d’absinthe preuve de la vitalité de cette fabrication locale au début du 19ème siècle. « Il y avait une quantité de fabricants. »

Un bistro reconstitué

Le conservateur tenait aussi à mettre en situation cette interaction sociale, car on boit rarement seul et les amitiés de buveurs ne manquent pas. « L’endroit par excellence de convivialité c’est le bistro. Nous nous sommes dit que le meilleur moyen d’inviter les gens, c’est de recréer un bistro typique, avec des panneaux de faux bois et un décor hétéroclite comme c’est souvent le cas. » Autour du troquet reconstitué, on peut admirer des enseignes récupérées de restaurants aujourd’hui disparus et différentes affiches avec des slogans, dont celui-ci : « Enfant, quand vous serez grand fuyez l’alcool. » « Cela rappelle que de tout temps il y a eu une volonté de protéger les enfants contre les maux de l’alcool. Cette affiche date de la fin du 19ème siècle et a été faite par la Ligue patriotique suisse contre l’alcoolisme. » Contre les murs du troquet figurent aussi des panneaux avec les prix affichés à l’époque qui montrent que les prix ont augmenté de façon exponentielle. « Pour quelques centimes, on pouvait boire de l’alcool. En 1920, un litre de beaujolais valait 2,80 francs. »

Après avoir admiré verres à pied en cristal, calice en tulipe gravé, carafe en verre de Flühli gravée de l’ours de Berne et datée de 1816 et autres merveilles délicatement ciselées, vous ne boirez sans doute plus de la même façon le breuvage qui se trouve dans votre verre à vin.